Les peuples indigènes de Colombie à l'ONU
L'anthropologue Tullio Togni, qui travaille en Colombie depuis 2023, participera à la 17e session du mécanisme d'experts des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui se tiendra du 8 au 12 juillet à Genève, en compagnie de son collègue colombien et leader autochtone Oveimar Tenorio.
Dans quelques semaines, le coopérateur Tullio Togni aura l'occasion d'apporter un peu de Colombie en Suisse, grâce notamment à la présence de son collègue colombien Oveimar Tenorio, qui l'accompagnera à la 17e session du Mécanisme d'experts sur les droits des peuples autochtones de l'ONU, qui fournit au Conseil des droits de l'homme des avis et des conseils techniques sur les droits de ces communautés. La réunion se tiendra du 8 au 12 juillet à Genève et sera l'occasion de donner de la visibilité à la situation des droits de l'homme dans les territoires ancestraux du Cauca, en Colombie, et d'exiger une plus grande attention et responsabilité de la part de la communauté internationale. Ce sera aussi l'occasion de réaffirmer la nécessité pour l'État colombien de prendre en compte la participation des peuples ethniques à la construction de la paix, sur la base de leurs connaissances et de leurs pratiques millénaires. Parmi celles-ci, l'expérience de la Garde indigène est sans aucun doute précieuse, car elle reflète une manière différente de penser la sécurité et la protection, ainsi que la vie et le territoire.
Le Cauca, une région stratégique
La région du Cauca est particulièrement touchée par les conflits armés internes. Sa position stratégique, face au Pacifique, en fait le théâtre de la production et du commerce de substances illégales (principalement la cocaïne et la marihuana). Les communautés indigènes luttent pour le contrôle du territoire, où la violence est malheureusement devenue une pratique quotidienne. En 2023, 800 victimes indigènes de diverses violations des droits de l'homme ont été enregistrées pour meurtres, menaces de mort, déplacements forcés et recrutement illégal d'enfants. Malheureusement, une fois de plus, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut : depuis janvier 2024, 320 autochtones ont été victimes de diverses violations.
Tullio soutient une organisation appelée CRIC (Conseil régional indigène du Cauca) dont l'objectif est la récupération des territoires indigènes et la défense et la promotion des droits des peuples indigènes. Fondé en 1971, le CRIC est la première et principale organisation de peuples indigènes en Colombie et représente 10 peuples, 139 territoires indigènes et plus de 200 000 personnes. Son rôle est de recueillir des témoignages, de documenter et d'informer les autorités et le public sur ces violations.
L'exemple de la Garde indigène
Le CRIC dispose d'un système de défense particulier : la Guardia Indígena, créée en 2001, regroupe quelque 13 000 personnes. Il s'agit d'un "service de sécurité" basé sur le concept d'autoprotection et structuré de manière intégrale, puisqu'il est composé de toutes sortes de personnes des communautés indigènes de la CRIC : hommes et femmes, anciens et enfants. Les armes étant interdites, chaque membre de la Garde indigène porte un bâton qui représente symboliquement le pouvoir de la parole des ancêtres et confère le droit et le devoir de défendre la vie et le territoire.
Cette année, lors d'un voyage de sensibilisation que Tullio effectuera en Suisse en juin-juillet, il sera accompagné d'un collègue local, Oveimar Tenorio. Âgé de 31 ans, originaire du nord du Cauca, l'une des régions les plus touchées par les conflits armés et le trafic de drogue, Oveimar est actuellement le coordinateur politique de la Guardia Indígena du CRIC. Oveimar est confronté à une situation sécuritaire très délicate : après avoir été victime d'une tentative d'assassinat en 2019 en raison de son rôle, il a reçu plusieurs menaces de mort et a été victime d'autres tentatives d'assassinat au cours des derniers mois. Néanmoins, lorsqu'on lui demande s'il n'aimerait pas se retirer pour un temps et vivre ailleurs, il refuse en disant que cela reviendrait à se mettre d'accord avec ceux qui veulent empêcher la survie et l'autonomie des peuples indigènes.
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Soirée cinéma à Lausanne, Genève et Berne les 9, 10 et 12 juillet 2024.