Solution informatique et pédagogie active
De retour à mi-contrat de son engagement auprès des écoles communautaires de Lusaka, en Zambie, Sacha Chillier revient sur les 18 premiers mois de son immersion. Où malgré le contexte défavorable, Covid oblige, il a pu mener de front une formation aux méthodes pédagogiques actives et tester une solution de ressource informatique prometteuse. Mais aussi rencontrer un enseignant hors du commun : Gabriel Chileshe.
Comme partout, le Covid-19 a considérablement compliqué l’avancée de son projet. Sacha a dû patienter jusqu’à l’automne 2020 pour se rendre régulièrement dans les écoles communautaires, y rencontrer les enseignant·e·s et assister à des cours. Il a alors enfin pu tisser des liens solides et connaître leurs besoins. Et constater que si leur formation pose souvent question, c'est aussi le matériel de cours qui fait défaut. Sacha est conscient que pour que son travail ait un impact durable à plus long terme, il se doit de leur apporter de nouveaux outils.
Il a alors recherché des solutions informatiques adaptées et opté pour un Raspberry Pi, un micro-ordinateur très bon marché sur lequel il est possible d’installer de nombreuses applications gratuites dédiées à l’éducation. Un projet pilote avec une école est en cours : le but est de tester l’utilisation du Raspberry non seulement comme ordinateur standard, mais aussi comme serveur low-cost sur lequel les enseignant·e·s et les élèves peuvent avoir accès à du matériel pédagogique : cours, vidéos, livres, mini-jeux éducatifs, etc.
Ateliers de formations pour les enseignant·e·s
Sa formation des enseignant·e·s a débuté par deux demi-journées de workshop en ligne en mars 2021. La qualité de la connexion internet en Zambie étant très aléatoire, le résultat du workshop a été contrasté : certain·e·s ont pu assister à l'intégralité du module, d'autres ont trop souvent été déconnecté·e·s. Mais Sacha a tout de même réussi à travailler sur la planification et la préparation des leçons : développement cognitif, divers types d’évaluation, objectifs d’apprentissage, etc. Et décidé d’organiser les prochains workshops en présentiel, ce qui a pu être le cas début mai avec un atelier consacré aux méthodes pédagogiques actives.
Autant l'accès à des reccources didactiques que la formation des enseignant·e·s à des méthodes pédagogiques actives fait défaut.
Elles s’opposent à l’enseignement classique zambien dans lequel l’enseignant·e récite une leçon et les élèves, passifs, écoutent et prennent des notes. Là, les élèves sont impliqué·e·s dans le processus d’apprentissage, ce qui leur permet une meilleure compréhension des sujets étudiés et mémorisation des contenus. Durant l’atelier, l’apprentissage actif était à la fois le sujet et la méthode utilisée, et les enseignant·e·s ont pu comparer les deux approches et découvrir une série d’activités faciles à mettre en place dans les classes. Le retour pour cette journée de formation ayant été très positif, de nouveaux workshops seront ainsi organisés à son retour ; et Sacha continuera à visiter les écoles pour proposer des pistes d’amélioration de leur formation lors de ses discussions avec les enseignant·e·s, et à développer leurs compétences dans l’utilisation des ordinateurs.
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Gabriel Chileshe: un enseignant hors du commun
Gabriel Chileshe travaille à Luminary Foundation, l’école parmi les cinq que Sacha visite régulièrement qui compte le plus d'élèves et possède le moins de moyens. Elle accepte tou·te·s les enfants, renvoyé·e·s d'une autre école ou très appliqué·e·s, en mesure de payer la faible participation demandée (environ CHF 2.- par trimestre) ou non, en âge de scolarité ou désireux de reprendre après plusieurs années d'interruption. Gabriel s’y est engagé par volonté de se rendre utile pour la communauté, même si cela signifie renoncer à un certain confort, pour aider les jeunes issu·e·s d'un milieu difficile, leur donner accès au savoir et les armer au mieux pour leur avenir. Pour Gabriel, enseigner est une passion qu’il a développée très jeune. En 2017, il termine sa formation et commence à travailler dans une école privée, mais donne rapidement sa démission pour rejoindre Luminary où l'un de ses amis travaille. Il s’occupe dès lors de l’éducation religieuse et d’une classe primaire de Grade 5 (élèves de 10-11 ans).
Gabriel Chileshe, enseignant par passion, et une vocation à se rendre utile pour la communauté.
Gabriel détaille les spécificités de l’enseignement dans une école communautaire. Alors que dans les écoles privées l’équipement est bon et la situation générale agréable, en travaillant à Luminary il a rencontré de nouveaux défis : manque de matériel adéquat, nombre important d’élèves dans les classes, dépassant parfois la centaine avec des profils très différents (âge, difficultés d’apprentissage, problèmes de développement, etc.) ; ou le manque de temps à disposition pour corriger un examen ou des exercices, surtout lorsqu’il donne plusieurs cours par jour dans une grande classe, lui laissant moins de temps pour préparer ses cours ou créer du matériel.
Mais Gabriel a aussi dû s’accommoder d’un salaire modeste et pas systématiquement assuré. Car si certain·e·s élèves ne paient pas la participation financière demandée, le défraiement des enseignant·e·s est directement impacté. Et dans ce contexte fragile, le Covid-19 a aussi eu un impact important. Lors de la fermeture des écoles pendant six mois en 2020, Gabriel et ses collègues n’ont simplement pas reçu de salaire ; et à la réouverture des classes il y avait moins d’élèves car de nombreuses familles peinaient à trouver l'argent pour les "chalk and brooms" (craies et balais). Enfin le Ministère de l’éducation n’a autorisé les élèves à passer que deux heures en classe par jour, ce qui affecte directement leurs apprentissages et la possibilité de couvrir l’entier du programme avant les examens de fin d’année ; qui plus est avec obligation du port du masque, que de nombreux élèves ne peuvent pas s’offrir et que l’école devrait fournir, sous peine d’interdiction de classe...
Zambie: point sur le Covid-19
Au début du printemps 2021, les cas avaient beaucoup diminué (env. 1 à 3% de positivité sur près de 5000 tests quotidiens). Mais dès le mois de juin, à l’instar de bon nombre de pays africains, une troisième vague a déferlé sur la Zambie avec un taux de près de 20% de positivité qui a forcé le gouvernement à prononcer, le 17 juin, un nouveau lockdown d’une durée indéterminée. Les bureaux du partenaire Expanded Church Response sont bien sûr fermés, de même que les écoles communautaires, et même si le retour de Sacha et de sa famille ne semble pas compromis, la reprise du travail avec les enseignant·e·s devra sûrement être retardée.
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Bonus vidéo
La compagne de Sacha Chillier, Amandine, est pleine de ressources! Voyez plutôt la vidéo qu'elle a réalisée, qui présente la Zambie sous de multiples facettes, et les tribulations d'une famille de la Veveyse dans ce fascinant pays d'Afrique australe..
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De Sacha Chillier | 19 juillet 2021 | Zambie
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