Sauver la forêt grâce à l'agriculture durable
La déforestation et la culture du maïs, néfaste pour l'environnement, menacent les dernières forêts de Miombo en Zambie. Comment les préserver ? C'est à la population locale d'en décider. La biologiste Simona Stoll et son organisation partenaire, la Zambian Governance Foundation, accompagnent les personnes concernées sur ce chemin.
Une route sablonneuse rouge serpente à travers un doux paysage vallonné. La vue s'étend au loin, la forêt de Miombo, composée d'arbres bas et d’herbes de savane hautes comme l'homme, semble à perte de vue. Nous passons devant des champs de maïs aux abords de petits villages. Des chèvres et des vaches se déplacent dans les buissons, des poules s'enfuient en caquetant devant notre voiture. Ça a l'air idyllique, mais les apparences sont trompeuses. Le taux de déforestation y est parmi les plus élevés au monde. Et le changement climatique accroit la sécheresse de cette région.
C’est l'une des plus pauvres de Zambie. Mais si les gens ont peu d'argent, ils sont riches en terres, en forêts et en sols. Ils cultivent le maïs, élèvent du bétail et collectent des insectes comestibles, des fruits et des herbes médicinales dans la forêt.
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Le maïs : très apprécié, mais très problématique
Cependant, la culture du maïs génère de gros problèmes. Les grandes sociétés agricoles dominent le marché des semences, des engrais et des pesticides. Le maïs est cultivé en utilisant de grandes quantités d'engrais chimiques et de pesticides. En conséquence le sol tropical, si sensible, perd de sa fertilité et s'érode. Et le maïs ne peut être cultivé sur un même champ que quelques années.
Et l’on assiste à deux « solutions » à ce problème : de nouvelles terres ou plus d'engrais. Pour de nouvelles terres, c’est généralement un morceau de forêt qui est sacrifié. Les arbres abattus sont brûlés sur place, et les villageois gagnent beaucoup d'argent en vendant du charbon de bois à Lusaka, la capitale. La demande y est en effet élevée, presque tous les ménages cuisinent avec. Et avec ces revenus, l'argent est à nouveau disponible dans les campagnes pour l'achat de semences, d'engrais et de pesticides. Un cycle malheureux...
Alors, lentement, la forêt s'éteint. De loin, depuis une voiture, elle semble infinie. Mais de près, on voit beaucoup de champs vides et il ne reste que quelques îlots de forêt. A ma question de connaître le problème le plus urgent ici, la réponse est trop souvent : "La mort des forêts".
L'autodétermination, clé du succès
Alors, que peut-on faire ? Tout le monde peut utiliser ses compétences pour améliorer la situation. C'est là que mon organisation partenaire, la Zambian Governance Foundation, entre en jeu. Nous travaillons directement avec les populations locales pour soutenir les points forts ancrés dans leurs traditions et les aider à prendre en main leur développement économique. Mon collègue Derwin Chali et moi-même, ainsi que les habitants intéressés, avons procédé à une analyse complète des conditions environnementales de leur village. Les résultats ont révélé des problèmes environnementaux, mais surtout des opportunités : la culture de variétés locales, les bourses de semences, des coopératives agricoles bien organisées ou la protection des sources en sont des exemples.
Nous organisons aussi des événements d'information et des cours sur certains thèmes. Par exemple, nous planifions un échange entre agriculteurs sur les nouvelles formes d'agriculture durable et les variétés de céréales alternatives. Cela permettra de mieux adapter les pratiques agricoles au changement climatique et de restaurer la fertilité des sols. La pression sur les dernières forêts devrait alors diminuer.
Comme des mesures coûteuses sont nécessaires, la population locale collecte elle-même une partie de l'argent et la Zambian Governance Foundation apporte la partie manquante. Ainsi, les projets restent entre les mains des personnes concernées. La population locale décide de la voie à suivre pour son avenir.
De Simona Stoll | 2 juin 2021 | Zambie
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