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08.11.2024 | Colombie, Droits humains et démocratie

"Nous avons le droit de vivre!"

Le récit de David contre Goliath vient inévitablement à l'esprit lorsque l'on voit des enfants ou des personnes âgées se défendre contre de puissants groupes armés. Et il y a de l'espoir. 

Pour se défendre, les hommes, les femmes et les enfants ne portent qu'un bâton orné de rubans verts et rouges. C'est la seule « arme » qui leur reste dans la lutte inégale contre des bandes de narcotrafiquants ou des groupes paramilitaires fortement armés. Mais c'est une arme puissante ; non pas pour exercer une contre-violence physique, mais parce qu'il est un symbole. Il représente le pouvoir de la parole des ancêtres. Dans les communautés indigènes de Colombie, ceux qui portent le bâton ont le droit et le devoir de parler et de défendre leur vie ainsi que leurs terres. C'est également le cas dans la région du Cauca, qui est particulièrement disputée.

Depuis des années, les populations - environ 300 000 indigènes vivent dans cette région - sont chassées, enlevées, recrutées de force ou même tués. L'enjeu est les ressources foncières et la domination du trafic de drogue. Les communautés ont peur et sont livrés à eux-mêmes. Ils ne ressentent guère la « paix officielle » dans le pays. Malgré l'accord de paix annoncé en 2016.

«Si je dois mourir, je veux que ce soit ici, dans mon pays, en le défendant avec ma tête et mon coeur!»
Oveimar Tenorio, coordinateur politique de la Garde indigène (CRIC)

 

Le bâton de parole rassemble un mouvement d'environ 12 000 personnes, la Garde indigène du Conseil régional indigène du Cauca (CRIC), qui comprend toutes les tranches d'âge. « Sans le CRIC et sa force extraordinaire, les effets de la guerre dans la région seraient bien plus dévastateurs aujourd'hui », explique Tullio Togni, anthropologue social et coopérant de Comundo. Tullio aide quotidiennement le mouvement à enregistrer, surveiller et visualiser les violations des droits de l'homme dans les communautés rurales. Il y a des menaces, des expulsions et même des meurtres. 

Le CRIC ne veut pas se défendre par la force armée, mais par la force de la communauté. Oveimar Tenorio est convaincu qu'une résistance sérieuse est possible et que les choses ne peuvent changer que si tout le monde s'unit : « La lutte armée n'est pas notre voie. Notre seule option est d'unir la tête et le cœur pour défendre la terre. La lutte armée n'est pas notre voie. Notre seule option est d'unir la tête et le cœur pour défendre la terre. Rechercher la vérité, garder en mémoire ce qui s'est passé et construire un avenir où cette violence ne se reproduira plus. » Oveimar est l'un des nouveaux et importants leaders de ce mouvement, après l'assassinat de son prédécesseur en 2022. Lui aussi risque constamment de perdre la vie. « Si je m'enfuyais, cela ressemblerait à de la faiblesse. Nous devons être solidaires, car ce n'est qu'ensemble que nous pouvons lutter contre l'injustice. Nous voulons enfin vivre en paix sur notre terre »

 

«Sans le CRIC et son extraordinaire force, les effets de la guerre dans la région seraient aujourd'hui bien plus dévastateurs ». 
Tullio Togni, anthropologue social et coopérant de Comundo.» 

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De Tullio Togni | 8 novembre 2024 | Colombie

 

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Tullio Togni

Anthropologue social

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Diplômé en anthropologie sociale, Tullio vient de terminer un engagement avec PBI en Colombie aux côtés de défenseur·euse·s des droits humains.