Les jeunes aident les jeunes en temps de crise
Des enfants et adolescent·e·s sensibilisé·e·s luttent pour un meilleur environnement et moins de violence domestique: les groupes de jeunes de Wiñay Pacha sont un modèle de réussite aussi en temps de crise. Par Florine Salzgeber.
« Ce qui s’est passé n’est pas facile.
Mais j’ai reçu beaucoup de soutien de ce groupe de jeunes. »
L’organisation partenaire Wiñay Pacha avec laquelle je travaille en Bolivie développe depuis des années des méthodes efficaces pour protéger et accompagner les jeunes de Cochabamba, victimes de mauvais traitements ou d’agressions sexuelles, ou qui se trouvent en situation de risque. Elle le fait par exemple en créant des groupes de jeunes : les enfants et les adolescent·e·s sont sensibilisé·e·s et renforcé·e·s dans leur dignité personnelle. Ces jeunes apprennent pourquoi il est important de protéger l’environnement, comment l’on peut éviter une grossesse précoce, ou pourquoi la violence domestique ne fait pas partie de la vie quotidienne. même en temps de pandémie. Les groupes organisent des activités et apportent ainsi leur aide à d’autres enfants et adolescent·e·s.
Rendre quelque chose à la société
Rosa Mariela Luizaga Guttiérrez est une jeune bolivienne, qui sait ce que signifie subir la violence au sein de sa propre famille : « Ce qui s’est passé n’est pas facile. Mais j’ai reçu beaucoup de soutien de ce groupe de jeunes et j’aimerais maintenant rendre la pareille. C’est pourquoi je m’engage ainsi », m’explique Mariela d’une voix calme.
Agée de 22 ans, elle dirige un comité d’enfants et d’adolescent·e·s de Wiñay Pacha à Sacaba, une banlieue de Cochabamba. 15 jeunes entre 10 et 25 ans y échangent régulièrement leurs idées et prennent des mesures, par exemple pour la protection de l’environnement ou pour sensibiliser les jeunes femmes contre les grossesses précoces. « Nous restons actifs même pendant la crise Covid. Nous avons tourné des vidéos sur les problèmes dans nos quartiers et les avons diffusées sur les médias sociaux », continue Mariela.
D’outsider à leader
La jeune femme semble confiante et pleine d’entrain quand elle me raconte ses activités dans son groupe de jeunes. Elle aimerait faire de son quartier un lieu de vie meilleur pour les enfants, les jeunes et les femmes, qui sont souvent les membres les plus vulnérables de la société bolivienne. Sa confiance en elle s’est fortement développée grâce au soutien de Wiñay Pacha : « J’étais très timide. Ma famille a déménagé de la plaine vers un petit village rural proche de Cochabamba, et les autres enfants se moquaient de moi à cause de mon accent. Depuis bientôt dix ans, je suis active dans différents comités . J’y ai appris à aborder les problèmes. Je suis en mesure maintenant de défendre les personnes qui ne peuvent le faire elles-mêmes. Au sein de ces comités, j’ai appris ce qu’est la culture de respect mutuel au sein de la communauté et je transmets cette valeur . J’ai également acquis beaucoup de connaissances sur les sujets de la vie pratique, sinon je serais peut-être devenue mère très tôt et n’aurais pas pu faire des études », assure Mariela.
Des coopérant·e·s de Comundo, comme Florine Salzgeber, contribuent considérablement à la protection des enfants et des jeunes victimes de violences à Cochabamba.
Merci beaucoup pour votre soutien !
Des lois bien intentionnées sur le papier
Mariela : « La Bolivie a adopté de bonnes lois s’agissant de lutter contre la violence domestique. Malheureusement, elles ne sont que sur papier. Lorsqu’une personne veut revendiquer ses droits, elle doit d’abord franchir de très nombreux obstacles bureaucratiques jusqu’à ce qu’enfin – et peut-être seulement – une procédure soit engagée. C’est pourquoi nous devons agir et éduquer les jeunes très tôt. » Compte tenu de l’augmentation des cas de violence en ces temps de crise, cela semble plus important que jamais.
Au cours de l’entretien vidéo Mariela me raconte comment elle, et d’autres jeunes et leurs familles résidant à Sacaba, souffrent de la pandémie. Et pourquoi la pandémie a exacerbé les problèmes existants.
« J’ai acquis beaucoup de connaissances sur les sujets de la vie pratique, sinon je serais peut-être devenue mère très tôt et n’aurais pas pu faire des études. »
De Florine Salzgeber | 18 février 2021 | Bolivie
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