De la rue à la vie
La vie quotidienne de David dans la rue était marquée par la violence et la misère. Aujourd'hui, le jeune homme de Cochabamba est un modèle pour les autres. Avec le soutien de notre organisation partenaire, la «Fundación Estrellas en la Calle » (FEC), il a réussi à changer le cours de sa vie. Une contribution de Lisa Macconi, coopérante de Comundo, qui travaille comme sociologue à la FEC.
À Cochabamba, environ un millier d'enfants et de jeunes vivent dans les rues. Nous sommes en contact plus ou moins régulier avec environ 400 d'entre eux. Les jeunes vivent en marge de la société, souvent dans des situations extrêmes, et restent largement invisibles. Nous leur fournissons des informations et nous leur proposons diverses activités pour les soutenir et leur offrir de meilleures perspectives d’avenir.
Ce sont souvent de petits pas qui sont rendus possibles : des enfants reprennent contact avec leurs parents après une période de silence plus ou moins longue. Ils obtiennent les documents administratifs dont ils ont besoin, comme les papiers d'identité, pour aller à l'école ou pour accéder à des soins en cas de problèmes de santé. Des progrès plus significatifs sont parfois aussi obtenus, comme le fait d'emménager dans son propre appartement ou de se libérer de la dépendance à la drogue ou à l’alcool. C’est le cas de David dont je voudrais parler dans cet article.
Un orphelin dans la rue
Un sourire franc et une longue balafre sur le visage, témoignage de sa vie éprouvante dans la rue : c'est ainsi que j'ai rencontré David lorsqu'il a participé à une activité de groupe dans le cadre de notre programme de prévention PROTEJERES. Le but était d'identifier les enfants subissant la traite humaine ou l'exploitation sexuelle afin de leur apporter le meilleur soutien possible.
Enfant déjà, David a passé beaucoup de temps dans la rue. Il y était certainement plus souvent que dans les salles de classe de son école. A Cochabamba, dans les foyers les plus démunis, l'éducation est un luxe. Les enfants doivent aider leurs parents à subvenir aux besoins de la famille avant de se rendre à l’école. David n’avait que 10 ans lorsque sa mère est décédée des suites d’un cancer. Comme il n'avait jamais connu son père, il est devenu orphelin du jour au lendemain. Son oncle l'a recueilli provisoirement. Mais à cause de la grande solitude et de la violence dont David a dû souffrir durant ses premières années de vie, il a inexorablement glissé dans la rue et dans la petite délinquance. Il a rejoint un groupe d'enfants et de jeunes sans abri de son âge. La seule personne majeure était le mentor qui les a pris sous son aile. En contrepartie, ils devaient voler, vendre de la drogue et exécuter toutes sortes de travaux pour ramener de l’argent.
Le tournant positif
À l'âge de 13 ans, seulement, David avait déjà un lourd passé criminel derrière lui. Après six ans cependant, sa vie a connu un tournant positif. Un travailleur social de la FEC a rencontré David dans la rue et lui a parlé de nos programmes. Dès lors, il a régulièrement participé aux activités. Il a fait la connaissance de personnes qui ont compris sa souffrance et son désespoir en lui prêtant une oreille attentive. Aujourd'hui, David a 21 ans. Il vit avec sa petite amie dans une chambre et gagne son argent avec des petits boulots de maçon.
De nombreux jeunes de Cochabamba ont un parcours de vie similaire à celui de David. Nous nous engageons activement pour eux. Avec votre don, vous pouvez soutenir notre travail à long terme.
Lisa Macconi, sociologue
Communiquer au lieu de recourir à la violence
Avec ses aptitudes et son caractère de battant, David est devenu en peu de temps un leader et a eu une influence positive sur tout le groupe. Grâce à son ouverture d'esprit, il a donné aux autres le courage d'exprimer leurs opinions. Son humour a permis de dénouer les situations les plus tendues et le changement intervenu dans sa vie a incité les personnes de son entourage à suivre son exemple. Lorsque je lui ai demandé ce qu'il avait retiré des activités de groupe, David a répondu : « J'ai compris que la violence n’est jamais la solution. J'ai également pu améliorer ma façon de communiquer et me sentir plus responsable. En même temps, je sais maintenant comment mieux prendre soin de moi et éviter les situations à risque. Par exemple, en refusant certaines offres d'emploi douteuses qui proposent de gagner rapidement beaucoup d'argent».
Son premier diplôme
Ce fut un moment émouvant lorsque David a reçu son premier diplôme. Après la cérémonie de remise des diplômes et la photo rituelle avec le directeur de la Fondation, David m'a demandé s'il était également possible d'avoir un cadre. C'était son premier diplôme et il aurait aimé l'accrocher au mur, comme dans les films !
A cette occasion, David nous a remerciés pour notre travail : « Le FEC m'a aidé à avancer dans la vie. Avec votre soutien, j'ai réussi à survivre ! En général, personne ne se soucie des gens qui séjournent dans la rue. Il y a aussi beaucoup de filles, même très jeunes, qui vivent dans des conditions très précaires. Elles sont encore plus vulnérables que nous, les garçons. Avec Lisa, elles peuvent aborder de nombreux sujets sensibles. Il est donc très important qu'elles participent aux activités ».
De Lisa Macconi | 20 novembre 2020 | Bolivie
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